vendredi 4 février 2011

Les anglais au pays des autres...

Bien que je doive regarder plutôt des émissions en français, afin de mieux comprendre le pays où j'habite, j'écoute ce soir de vieux épisodes de Mad Men. De manière légale, bien sûr.

Une scène en particulière évoque des pensées chez moi sur la façon qu'on traite l'étranger quand l'on se rend visite dans un autre pays. Elle me fait aussi penser de ma propre expérience « exotique » dans ma vie quotidienne à Montréal. Au moins, comment il aurait pu être.

M. Draper et sa femme voyagent en Italie. Quand on voit les Draper rentrer dans leur chambre d'hôtel, Mme Draper est tout au milieu d'une conversation avec le valet italien... en italien.

« Ton italien est très bon » il dit à cette dame on-ne-peut-plus américaine. Peut-être il ment -- personnellement, je peux bien discerner l'accent de Mme Draper (ou peut-être celui de l'actrice, January Jones). Mais elle se met quand même au milieu de son entourage et, en réponse, les « natifs » lui engagent.

M. Draper, quant à lui, ne parle pas italien, mais pendant qu'il tendit sa main afin de chercher le pourboire pour le valet, il s'excuse. « Je n’ai pas encore changé mon argent... » Cet homme américain, péquenaud déguisé, moins scolarisé que sa femme, se sent quand même coupable de ne pas s'être rendu compatible avec le pays où il se rend visite.

Le valet lui répond: "It's ok, American money is very good."

On voit donc que le valet s'était plié à l'italien questionnable de Mme Draper, pendant qu'il pouvait quand même converser en anglais. En effet, c'est ce qu'on cherche quand on s'en va en Italie : une opportunité d'utiliser notre italien poche, et des Italiens qui vont nous remercier pour l'effort.

Plus tard, quand le téléphone sonne, Mme Draper décroche et répond en italien. Ah, mais c'est un homme d'affaires anglophone qui cherchait M. Draper. Et il ne fait aucune tentative de répondre en italien.

"Is this the Drapers' room?"

Il est l'homme d'affaires, proprio d'hôtels partout au monde. Il n'a pas de temps pour les langues des petits peuples.

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Je vois que je dois bientôt renouveler ma carte RAMQ. Je le sais parce qu'ils m'ont envoyé un formulaire qui le dit... en anglais. Il y a une boîte en haut que je peux cocher qui dit « Dorénavant communiquez avec moi en français ». C'est bizarre parce que je n’ai jamais exigé qu'on me parle en anglais. On m'a assigné un ghetto anglophone pour vivre, et ce sans que je ne dise rien. Tout ça d’une institution publique québécoise.

Peut-être la boîte devrait plutôt lire « J'aimerais SVP recevoir l'accommodement spécial et exceptionnel qu'est être servi en anglais au Québec »?

Dans mon Gmail, j'ai aussi plein de pourriels que Pharmaprix m'envoie depuis que j'ai enregistré pour leur petite carte de fidélité. Par contre, j'ai rempli le formulaire en Français et je crois bien avoir coché la boîte « français » comme langue de communication. Par contre, tout le pourriel est toujours en anglais. Comment ça?

Les Québécois semblent s'être ajustés au profit des hommes d'affaires comme dans notre histoire. Par contre, tous les Draper de ce monde qui sont venus pour sa différence sont punis chaque jour. On peut imaginer comment aurait été la scène si Mme Draper avait commencé à parler en italien. Son valet lui a répondu en anglais sans hésiter, sans lui permettre de participer -- un triste spectacle.

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